Depuis 10 ans maintenant, une boutique remarquable se dresse au 57 de l’Avenue Montaigne, entre les « flagships » étendards des grands groupes de luxe. Ce n’est ni tout à fait un multimarque, ni un concept-store, c’est plus que cela: c’est une destination. Car si Paris est la capitale mondiale de la mode, et si le “triangle d’or” délimité par les avenues Montaigne, George V et les Champs Elysées, est l’épicentre parisien du luxe, alors la boutique Montaigne Market est assurément le spot le plus désirable et désiré des fashionistas et autres influenceuses venues du monde entier.
Le succès de Montaigne Market s’explique par son extraordinaire singularité : le luxe ne s’y veut pas statutaire. Non seulement se développe ici un vestiaire créatif complet, allant du prêt à porter de luxe à l’horlogerie, les bijoux, les accessoires, les cosmétiques, non seulement les marques les plus prestigieuses y sont représentées, mais celles ci acceptent en plus, ce qui est très rare, d’initier des collaborations exclusives avec la boutique (Quelques exemples : la maison Cartier qui a créé spécifiquement pour Montaigne Market un sac noir prénommé Jeanne Toussaint en 13 exemplaires, ou encore la Maison Valentino qui a accepté d’élaborer un modèle unique, le « Vavavoom all black », initialement développé à 57 exemplaires, en clin d’œil à l’adresse de la boutique, et qu’on ne peut trouver nulle part ailleurs dans le monde). Enfin, dernier point important, la jeune création, si difficile d’accès pour le public trouve ici toute sa place. C’est pour accueillir plus de 100 griffes sur 700m², que l’ espace s’est agrandi l’année dernière avec un premier étage au design épuré.
Ce lieu foisonnant où tout semble si spontané doit son caractère et sa force à sa fondatrice Liliane Jossua. Fondatrice mais aussi curatrice car c’est bien cette élègante parisienne à la silhouette élancée et au regard vif, brillant et enjoué qui décide de tout ce qui sera à vendre ici ou non.
Après avoir étudié la mode au sein de L’École Supérieure des Arts et Techniques de la Mode ( ESMOD), Liliane Jossua inaugura en 1996 sa première boutique à Saint-Barth : Calypso. Elle imagina alors un concept jusqu’alors inédit, celui de réunir des vêtements de luxe et des marques de bijoux en un même espace. Elle ouvrit ensuite Calypso à Monaco, toujours avec cette même volonté : mélanger des pièces de grandes maisons à des créations émergentes, les bijoux au prêt-à-porter, le luxe au « casual ». Tout comme au Montaigne Market créé neuf ans plus tard.
Quelles sont les recettes pour posséder cet œil acéré d’acheteuse qui permettra de reconnaître une pièce mode ? « Ça serait tellement ennuyeux s’il y avait une recette » répondait Liliane Jossua à la journaliste Sandrine Merle dans une interview publiée par le journal Les Echos. Après Esmod, j’ai en effet ouvert la boutique Calypso à Saint-Barthélemy où, à l’époque, on ne vendait que des paréos ! C’était au début des années 1990, je faisais surtout mes achats aux États-Unis. Les formations d’acheteur que l’on propose aujourd’hui sont aberrantes ! Savoir ce qui va marcher sept mois à l’avance, lorsqu’on fait ses achats ne s’apprend pas. Cela bouge tellement vite qu’il faut sans cesse s’adapter pour arriver à l’objectif suprême : un minimum de stock en fin de saison, au moment des soldes. Mon efficacité commerciale tient principalement à mon intuition et à mon goût, ainsi qu’à la connaissance que j’ai de ma clientèle. D’ailleurs, je ne sais pas si je pourrai acheter pour un autre type de cliente… »
De sa scolarité à Esmod Paris, Liliane Jossua garde un souvenir excellent, et surtout reconnaissant : « avant Esmod, j’ai suivi un cursus traditionnel – bac section B – puis, j’ai commencé à suivre des cours à la fédération française de yoga pour être enseignant. J’ai heureusement bifurqué vers Esmod pour comprendre et apprendre ce qu’il fallait savoir sur la mode qui était ma véritable passion depuis l’enfance », nous explique t’elle. Au sein de la célèbre école parisienne, la fondatrice de Montaigne Market a beaucoup appris sur la technique : « J’étais une élève qui ne savait pas du tout dessiner, avoue t’elle en riant. Je me revois encore – c’est mon pire souvenir – le jour de ma rentrée en première année : je devais dessiner une sihouette devant toute la classe. Si vous aviez vu le regard consterné de mes voisins devant mon dessin ! Heureusement, depuis j ai appris la technique enseignée par l’école ».
L’apprentissage de la technique n’est pas le seul bon souvenir de sa scolarité. « J’étais à Esmod il y a 20 ans mais c’est comme si c’était hier même si j’imagine qu’il y a eu beaucoup de changements. J’ai adoré mes professeurs : dans ma classe, nous étions tous très proches d’eux. C’est aussi à Esmod, et cela dès la première année, que j’ai à la fois trouvé mes meilleurs amis et que j’ai découvert ce qu’était un véritable esprit d équipe. J’ai aimé ce foisonnement né du mélange des nationalités : les élèves venaient de tous les pays, ainsi que celui lié au croisement des parcours divers. Pour vous donner un exemple, en première année, les élèves avaient entre 20 et 28 ans. Cela aide à appréhender la diversité des tempéraments de chacun. Enfin je dois saluer la richesse de l’enseignement bien sur, qui est très ouvert, à la fois fort technique mais collant aussi parfaitement à la réalité et aux besoins du marché. »
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