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Photo du rédacteurPatrick Cabasset

CAMILLE DARMAGNAC, LE VINTAGE AU SERVICE DE LA MODE

Fondatrice de la nouvelle boutique virtuelle de mode vintage Stori-A, Camille Darmagnac est une passionnée de mode. Elle exprime chaque jour son talent de styliste à travers les choix de trésors anciens qu’elle met en ligne.

Camille Darmagnac, fondatrice du site de vente Vintage Stori-A

Etudiante à Esmod de 2004 A 2007, Camille Darmagnac y a suivit une double formation de styliste-modéliste. Mais dès son stage de fin d’étude c’est en tant que styliste qu’elle développe ses compétences professionnelles. Au sein du bureau de style Nelly Rodi, elle travaille à l’infographie du book de tendances. Elle enchaîne ensuite avec son premier véritable emploi comme assistante styliste de la marque Lili Gaufrette, une ligne Enfant de la galaxie Zannier. Elle y devient bientôt styliste pour la ligne destinée aux adolescents. Mais sa passion pour la mode féminine la dirige vers d’autres opportunités. C’est ainsi qu’elle devient free lance au service, entre autres, d’Irène Van Ryb, mais aussi d’une marque de créations à base de tissus cambodgiens, Mademoiselle Sarong, et également pour quelques marques enfants du Groupe Zannier.

Après trois années en free lance, une forme de stabilité professionnelle lui manque cependant. En quête d’un poste plus structuré, elle entre chez Etam. « Là, j’ai découvert un nouveau monde et une nouvelle façon de travailler. C’était la première fois que j’entrais dans une grande marque distributrice. Je m’occupais de la ligne jersey, sweat et T-shirt, qui était conséquente avec quelques 600 références par saison. Durant 5 ans, j’y ai appris énormément. Je travaillais en binôme avec une cheffe de produit. Je suis donc devenue plus sensible à l’aspect commercial de ce métier. Et ça m’a beaucoup plu ». Devenue senior designer au sein du même pôle d’Etam, elle développe son goût spécifique pour la maille. Après 5 ans, et devenue maman d’un petit garçon, elle décide de réorienter sa carrière. « J’étais aussi plutôt critique de cette mode en circuit court qui se renouvelle en permanence à un rythme effréné. Je n’avais plus envie de ça. Je suis donc retournée au statut de free lance ».


Ouvrir une boutique en ligne, c'est aussi apprendre à devenir photographe

Retrouvant instantanément du travail auprès de quelques marques, pour lesquelles elle dessine régulièrement des collections, Camille réfléchit aussi à un projet plus personnel. Parallèlement, les marchés des vêtements de seconde main et celui des belles pièces vintage commençaient également à devenir centraux. Elle s’y essaye et s’y amuse, à un niveau complétement personnel au départ sur le site Vinted. « Cela me permettais de participer, à mon petit niveau, au développement de notions plus écologiques : recycler, réparer, réutiliser. Il y a tellement de choses merveilleuses dans le vintage, qu’il est dommage de ne pas s’y consacrer davantage ». Son projet de boutique vintage personnelle prend ainsi forme progressivement.

Depuis janvier 2020 Camille Darmagnac se consacre intégralement à son projet d’entreprise personnelle. Sélectionnant des pièces toujours plus pointues, elle les revend sur une plateforme spécialisée, Imparfaite, puis également sur le site CrushON. Des ventes appuyées par sa propre page Instagram, alors que jusqu’alors son intérêt pour les réseaux sociaux était plutôt limité. Rencontrant d’autres passionnées de vintage elle participe régulièrement à des cessions de ventes communes en pop-up store, à travers le collectif vintage Système Solère ; ceci une fois par mois lorsque les règles sanitaires le permettent. La suite logique de cette aventure est apparue sous la forme de sa propre boutique Stori-A, en ligne depuis décembre 2020.

Camile Darmagnac dans son studio photo

Planet Esmod : A l’origine, pourquoi avoir choisi la mode, le stylisme et Esmod ?

Camille Darmagnac : Dans ma sélection d’écoles, Esmod avait réussie à me convaincre de ses capacités créatives, mais également techniques. Donc une école plus apte à me conduire vers le marché du travail. Quelque chose de plus concret en ressortait.

P. E. : Vous rêviez de quoi en entrant à Esmod ?

C. D. : J’ai été immédiatement plus attirée par le stylisme. Je trouvais le modélisme très intéressant, mais au début je n’étais pas forcément très douée. Le modélisme demande une certaine patience que ne m’avais pas trop en fait. Je n’ai jamais rêvé de devenir un grand créateur façon Jean-Paul Gaultier, mon objectif était alors plus simplement de pouvoir trouver du travail après l’école afin de pouvoir vivre de ma passion pour la mode. Le luxe ne me faisait pas vraiment rêver finalement.

P. E. : Comment pourriez-vous définir brièvement le concept de Stori-A ?

C. D. : Stori-A propose une sélection de vêtements vintage, donc des pièces anciennes, mais qui sont au goût du jour, tendances et en très bon état. Ce sont des pièces d’hier, mais qu’on pourrait presque trouver aujourd’hui dans une collection moderne. Chez Stori-A on trouve des vêtements qui pourraient être achetés par des stylistes ou des créatifs afin de les refaire à l’identique en neuf.

P. E. : Est-ce que le chiffre d’affaire de cette boutique vous permet de vivre aujourd’hui ?

C. D. : J’en vis en effet, mais c’est parce que je relais mes propositions sur d’autres ‘market place’ qui offrent davantage de visibilité et sont plus internationales. Depuis le premier confinement les ventes sur ces sites ont vraiment explosé. Il faut désormais que je développe davantage ma propre boutique, que j’organise sa promotion et accentue son référencement. Mais à la base c’est un autre métier, donc j’apprends, même si je ne vais pas aussi vite qu’un professionnel des réseaux et de la communication. C’est d’ailleurs mon principal projet aujourd’hui : pouvoir confier ce développement à un ou une spécialiste.


L'une des pages de la boutique en ligne Stori-A

P. E. : Comment et ou vous approvisionnez-vous ?

C. D. : Un peu partout, essentiellement en France, dans des friperies solidaires, chez des grossistes de fripes, dans les brocantes et vides-greniers en temps normal, mais aussi beaucoup à l’étranger. Enfin certaines clientes me contactent afin de me proposer leurs vêtements de marques ou pas, dont elles veulent se débarrasser. Et en général, c’est là que se cachent des trésors.

P. E. : C’est un tout autre métier que celui de styliste pour lequel vous avez été formée non ?

C. D. : Oui, je m'occupe seule de gérer ma petite entreprise et j'apprends tous les jours à gérer à la fois l'administratif, la communication, les photos, etc. Je suis devenue plus achteuse que styliste. Ce créneau se développe actuellement de façon incroyable.

P. E. : Quel type de vêtement est recyclable, quelles pièces ne le sont pas et pourquoi ?

C. D. : On peut tout remettre en scène dans un rayon vintage. Même la lingerie. Enfin davantage des soutient gorges ou des bustiers en dentelle que les culottes bien sur. Le bodys se vendent aussi très bien. Ce qui ne se recycle pas, se sont les pièces en trop mauvais état.


"Avec le recul, les trois ans passés à Esmod font partie des plus belles années de ma vie scolaire."


P. E. : Donc finalement, est-ce que votre formation initiale a Esmod vous sert encore aujourd’hui ?

C. D. : Oui et non. Certes, je n’ai pas suivi une formation commerciale, mais l’école nous apprend à développer nos connaissances en permanence, tout au long de notre parcours. Cette véritable curiosité pour la mode, les tendances, les courants émergents, c’est à l’école que ça commence. Certes mes connaissances en modélisme me servent peu aujourd’hui, mais quand même… Je les utilise pour la rénovation de certaines pièces, pour celles que je retravaille parfois. Egalement pour les retouches qui sont souvent nécessaires, même si je ne fais pas encore d’Upcycling.

P. E. : Qu’est-ce qu’Esmod vous a apporté d’essentiel ?

C. D. : Cette curiosité justement. Et puis l’amour du travail bien fait. En plus, j’ai rencontré dans l’école des gens que je côtoie toujours aujourd’hui. L’Ecole est à l’origine de mon réseau professionnel. Mais surtout elle m’a révélé cette passion pour la mode. Avec le recul je peux dire que les trois années passées à Esmod font partie des plus belles années de ma vie scolaire. J’ai adoré !

P. E. : Quelle serait la qualité principale d’une bonne styliste alors ?

C. D. : La passion. Il faut être passionnée pour faire ces métiers de mode, car dès l’école on ne compte pas ses heures de travail. Mais ça s’accentue encore dans la vie professionnelle. Donc seules les passionné(e)s iront jusqu'au terme du diplôme et en feront leur métier. Avant Esmod je me suis beaucoup ennuyée à l’école. Mais pas là, ça a été une révélation.

P. E. : Quel conseil donneriez-vous aujourd’hui aux actuels étudiants d’Esmod ?

C. D. : Soyez passionnés, créatifs, mais aussi attentifs et rigoureux dans votre travail. Dès les premiers stages on se constitue un réseau, c’est quelque chose qui nous projette et nous porte tout au long de notre carrière. C’est aussi pourquoi il est important de bien choisir son entreprise. Enfin, il ne faut pas négliger l’informatique. Les métiers de demain seront encore plus demandeurs de capacités numériques et technologiques.

Dans la section Luxe de la boutique vintage Stori-A

P. E. : Quels sont vos projets aujourd’hui ?

C. D. : De plus en plus de gens me contactent pour des collaborations diverses. Désormais les boutiques de marques modernes introduisent des corners de vêtements de seconde main. Certaines se positionnent sur le côté vintage, mais en général toutes ne le font pas très bien. J’adorerais participer avec Stori-A à ce genre de corner vintage évidemment. Cela me semble plus faisable aujourd’hui qu’une boutique réelle Stori-A, et je ne suis même pas sûre d’en avoir envie. J’aimerais aussi faire travailler une brodeuse qui puisse me faire des créations personnalisées sur des pièces anciennes. Autant de choses que je n’ai pas vraiment le temps de faire seule aujourd’hui. Il faut me laisser un peu de temps pour faire grandir Stori-A.



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